La qualité de l'air intérieur dans les archives
La qualité de l'air pour protéger les archives
Les archives sont des trésors, la mémoire de nos civilisations, mais les documents sont sensibles et peuvent être mis en danger par des moisissures et bactéries.
1. La situation
Les services d’archives sont destinés à conserver sur de longues périodes de très nombreux documents différents. Ils sont néanmoins majoritairement constitués de matériaux organiques : le papier, les cuirs pour les reliures, des textiles, du parchemin, et même du bois. Et, lorsque des photos et des films sont archivés, de la gélatine est alors aussi présente sur ces supports.
Les bâtiments contenant des archives sont supposés être des lieux de protection pour les collections, les risques doivent donc être contrôlés.
Il existe pour tous ces documents un risque très important de déterioration par des moisissures, des bactéries et aussi des insectes et des rongeurs (souris). Mais, le risque le plus élevé de tous est le risque de moisissures, dont il est aussi très difficile de se débarrasser une fois présentes dans les archives.
2. Les moisissures
Les moisissures sont des champignons. Elles peuvent se développer en parasite sur un support vivant (végétal ou animal) ou en saprophyte, sur un support mort ou en état de décomposition. C'est ainsi qu'elles se nourrissent en décomposant la cellulose qu'elles trouvent notamment dans le papier et les protéines du cuir ou des colles.
Si les conditions de température et d'humidité sont favorables, les moisissures croissent et se reproduisent à partir de spores microscopiques en formant du mycélium. Celui-ci est constitué d’un ensemble de filaments entrelacés, qui lui permettent de se nourrir et de se développer sur le substrat nutritif. Le mycélium produit à son tour des spores (partie reproductive), particules très fines et pulvérulentes, qui se diffusent facilement dans l'air et ont la faculté de résister plusieurs années à des conditions défavorables alors que le mycélium, plus fragile, va mourir et se désagréger.
Le mycélium pénètre en profondeur dans les matériaux, notamment le bois. Les traitements de surface auront alors peu d'incidence. Les moisissures sont classées par genre (Aspergillus) puis par espèces (Aspergillus niger), plus longues à identifier (200 espèces connues pour l'Aspergillus dont une quarantaine pourrait poser des problèmes infectieux).
Les plus répandues dans les archives sont Aspergillus, Chaetomium, Penicillium.
3. Les risques
- Les risques pour les archives
Les moisissures constituent un risque majeur dans les locaux contenant des archives. Elles provoquent une dégradation physico-chimique des documents :
- Dégradation physique à cause de la pénétration du champignon et de la propagation des filaments mycéliens dans le substrat, ce qui désorganise les fibres de cellulose.
- Dégradation chimique par la sécrétion d'enzymes ou la diffusion de pigments.
- Les documents sont tachés de manière irréversible.
- Le développement des moisissures peut aussi provoquer des dégradations physiques, des pertes de matières, des trous dans les papiers, parchemins, cuirs, etc… Le papier devient très fragile, le parchemin très friable, le cuir devient rigide et les encres perdent leurs couleurs.
- Les risques pour la santé humaine
Les principaux effets des moisissures et de leurs spores sur la santé humaine sont :
- Des irritations des yeux, de la gorge, du nez, ainsi que des congestions nasales
- Des réactions immunologiques comme les rhinites allergiques, des réactions d’hypersensibilité, des conjonctivites, de l’asthme, des problèmes de peau et de sinusites allergiques…
- Des effets toxiques comme le syndrome toxique associé aux poussières organiques (ODTS) avec des fièvres, des problèmes respiratoires,
- Des conséquences neuropsychologiques comme des maux de tête, des difficultés de concentration, une fatigue mentale chronique, une irritabilité, de la fièvre, des douleurs articulaires…
- Des risques infectieux comme l’aspergillose
Il est important de noter que les moisissures et leurs spores, mêmes mortes, sont toujours toxiques et allergisantes et que dès qu’il y a une manipulation, les moisissures sont rejetées dans l’atmosphère de la pièce et inhalées par les personnes présentes.
Néanmoins, toutes les moisissures ne sont pas toxiques pour l’homme, seules celles qui émettent des mycotoxines ou des composés organiques volatils (COV) sont préoccupantes pour la santé.
4. La prévention des risques
La qualité et filtration de l’air
La qualité de l’air est fondamentale et la filtration de l'air est critique. Dans cet environnement et pour une nécessaire maintenance de haut niveau il existe 2 types de filtrations nécessaires: la filtration particulaire, particules fines (PM) que sont les contaminants biologiques, et la filtration des polluants gazeux, des composés organiques volatils (COV)
Une filtration F7 pour les plus grosses particules, et idéalement HEPA est efficace et suffisante pour les particules fines. Les polluants gazeux (ozone, oxydes de soufre, oxydes d'azote, COV...) sont traités par une filtration au charbon actif haute densité.
Humidité et température
Il est indispensable de contrôler l’humidité relative et température et de maintenir stable. La hausse de la température baisse l’humidité relative et une baisse des températures de la température augmente l’humidité relative. Dans l’hypothèse de bâtiments neufs, étanches et bien isolés, la recommandation est de maintenir une humidité relative comprise entre 45% à 55% pour les papiers, supports photographies et audiovisuels, et entre 50 et 55% pour le cuir et le parchemin. Les écarts journaliers d’humidité relative ne doivent pas dépasser 5%.
5. La décontamination par purificateurs d’air intérieur
A la suite d'essais menés par le laboratoire de la Bibliothèque Nationale de France (BnF) et le Centre de Recherche sur la Conservation des Collections (CRCC) entre autres, certains appareils de décontamination, de purification de l’air, ont prouvé leur efficacité. Ils utilisent des technologies de filtration particulaire absolue (HEPA), associée à une filtration à charbon actif pour l’élimination des odeurs.
Ces appareils ont tous en commun d’être efficaces sur les spores et moisissures aéroportées.
Il est donc aussi important que les causes de la contamination soient éliminées et les supports et documents assainis. Sinon, le niveau de contamination de l’air augmente à nouveau rapidement dès que le purificateur d'air est à l’arrêt. Lorsque son fonctionnement repose sur une filtration naturelle par voie mécanique, ces appareils permettent d’endiguer une contamination en apportant une aide efficace à l'assainissement des locaux contaminés en attendant que des mesures soient prises pour désinfecter surfaces et documents. Ils n’émettent pas de produits toxiques pour l'homme, les biens culturels et l'environnement et ne libèrent pas d'ozone dans l'atmosphère.
L'utilisation des purificateurs d'air est recommandée dans les situations suivantes :
- Lorsque la contamination est avérée pour assainir l'air avec une utilisation en continu, en aide complémentaire des mesures d'usage (traitement d'air, nettoyage...)
- Pendant les campagnes de dépoussiérage de documents contaminés pour éviter de la dissémination et la propagation des moisissures et leurs spores dans l'air.
- En prévention en cas d'augmentation importante de l'humidité relative (infiltrations, arrêt de climatisation, inondation) ;
- Pour remplacer des filtres des appareils de traitement d'air : les micro-organismes seront tués ce qui évite les risques de relargage dans l'atmosphère.
Sources