La deuxième vague du virus Covid-19 en France, et plus largement en Europe, a relancé les discussions autour des différentes de manière de ralentir, voire de stopper la propagation du virus.
Parmi les solutions sur lesquelles tous s'accordent on retiendra le port du masque et le lavage de mains régulier. D’autres solutions sont discutées, notamment les purificateurs d'air. Quelle sont les technologies utilisées ? Sont-ils réellement efficaces contre le virus ? L'investissement en vaut-il la peine à quelques mois d'une possible vaccination ?
De nombreuses questions entourent cette technologie mal connue en Europe, et nous allons tâcher d’y répondre au travers de 3 articles s’appuyant sur des ressources scientifiques et pédagogiques.
Le premier article traite de la nécessité de faire d'abord un état des lieux de nos sociétés, à l'heure où l'on convient d'expliquer que leurs dérives sont à l'origine de l'émergence du virus. La dégradation de la qualité de l'air intérieur, son impact sur les voies respiratoires, sur les affections et ses effet sur la santé.
Le deuxième article couvre les différentes technologies utilisées dans le traitement de l’air, leurs spécificités et leurs dangers quand il y en existe. Les types de filtrations comme les filtres HEPA pour la filtration particulaire, les particules fines, des pollens aux virus. Le charbon actif sur la filtration moléculaire, produits chimiques, composés organiques volatils comme le formaldéhyde et le benzène.
Enfin, la troisième partie de ces articles étudie le rôle de la purification de l’air dans la lutte contre la Covid-19.
Dans quel monde vit-on ? État des lieux d'une société dans laquelle la maladie change de visage
Aujourd'hui, près de deux tiers des décès dans le monde sont liés à des maladies non-transmissibles, également dites "chroniques". Il s'agit d'"affections de longue durée qui [...] évoluent lentement" selon la définition de l'OMS. Parmi elles, on retrouve le cancer, le diabète, mais également les affections respiratoires chroniques ou les accidents vasculaires cérébraux.
Ces différentes pathologies ont d'ailleurs, pour la plupart, été qualifiées de facteur de "co-morbidité" dans le cas d'une contamination à la Covid-19. Ces maladies non-transmissibles trouvent leur origine essentiellement dans nos modes de vie et, pour certaines, nous accompagnent "toute notre vie" (1). L'asthme, par exemple, touche aujourd'hui en France près de 4 millions de personnes (2). Cette maladie, "la plus fréquente des maladies chroniques chez les enfants" est à l'origine de 60 000 hospitalisations par an.
De manière générale, 60% des problèmes de santé sont désormais liés à nos habitudes comportementales (tabagisme, surpoids, hypertension artérielle). Le tabac à lui seul est à l'origine d'une perte d'espérance de vie de 2,2 ans en moyenne à l'échelle mondiale, et de 7,2 millions de morts par an (chiffres de 2015) !
Le fléau du XXIème siècle
Le tabac n'est pourtant pas la première cause de décès dans le monde. C'est à la pollution de l'air que revient la première marche du podium : elle raccourcirait de 3 ans en moyenne l'espérance de vie et aurait tué 8,8 millions de personnes dans le monde en 2015 (48 000 en France) ! Ces chiffres font de la pollution de l'air un fléau plus grave encore que le paludisme, le SIDA ou les guerres (3).
Une étude allemande publiée en mars 2020, démontre que la pollution de l'air est l'un des plus grands risques pour la santé au niveau mondial, et se manifeste notamment par les maladies respiratoires et cardiovasculaires (4) en constante hausse. Thomas Münzel, l'un des chercheurs, parle même d'une "pandémie de pollution de l'air". Cette "pandémie" a un coût, et pas des moindres : l'Alliance Européenne de Santé Publique (EPHA) a mené une étude sur le coût réel de ce fléau dans 432 villes d'Europe. En prenant en compte les coûts sanitaires, les frais médicaux et la valeur des journées de travail perdues ainsi que des morts prématurées, l'étude montre que la pollution de l'air coûte 1 602€ par an et par personne à Paris, 1 134 € à Lyon, ou encore 645€ à Orléans (5).
Les fumées industrielles sont en partie à l'origine des particules fines émises dans l'atmosphère, tout comme les activités de transport, d'agriculture ou domestiques.
Entrant profondément dans les poumons, les particules favorisent l’action du coronavirus, préviennent les chercheurs du CNRS. la pollution de l’air aggrave les pandémies virales.
Des changements sociétaux qui entraînent une dégradation de la santé
Autre facteur santé caractéristique de notre société : les allergies. Le pourcentage de personnes allergiques a doublé en 15 ans, pour atteindre désormais une proportion de 25 à 30% de la population (6). 1 Français sur 4 serait allergique aux poils de chat !
Et cette augmentation ne semble pas prête de ralentir : les principaux facteurs favorisant l'apparition d'allergies sont liés à l'évolution de nos comportements. Le réchauffement climatique allonge la durée de pollinisation ; le changement des pratiques alimentaires entraîne l'apparition de nouveaux allergènes - tout comme la multiplication de l'usage de cosmétiques et produits détergents ; l'exposition prolongée à la moisissure, aux acariens et à la pollution atmosphérique participe au dérèglement de nos systèmes immunitaires. D'après l'OMS : 1 personne sur 2 dans le monde sera allergique en 2050 (7).
Ouvrir sa fenêtre pour préserver sa santé
Qu'il s'agisse d'asthme, d'allergies ou de pollution de l'air, les professionnels de santé sont unanimes : il faut renouveler l'air que l'on respire ! L'aération des espaces intérieurs est largement plesbiscitée dans la lutte contre les allergies (elle empêche la formation de moisissures, limite la prolifération des acariens), dans la lutte contre les infections et maladies (la transmission des microbes et virus augmente dans les espaces confinés), et enfin dans la lutte contre la pollution intérieure (elle permet l'élimination des COV - Composés Organiques Volatils - présents dans les peintures, vernis et moquettes) (8). Les risques liés à la pollution de l'air intérieur sont trop souvent minimisés, or "les Français perdent en moyenne 9 mois d’espérance de vie à cause de l’air pollué dans leurs maisons" d'après l'OMS (9).
Préserver sa santé relève aussi de petits gestes du quotidien, comme l'aération régulière de ses espaces intérieurs.
Ouvrir sa fenêtre est donc un moyen très efficace de lutter contre un grand nombre de pathologies de notre siècle. À cela s'ajoutent l'équipement en VMC des bâtiments et, de plus en plus, l'usage de purificateurs d'air. Déjà très populaires dans les zones géographiques très polluées (en Asie particulièrement), ils se développent sur le marché occidental et européen.
SOURCES
(1) Cicolella, André. 2018. ‘Santé environnementale et maladies chroniques, le coût de l’inaction’. L’Economie politique N° 80(4):17–29.
(2) Doctissimo. n.d. ‘Les chiffres de l’asthme en France’. Doctissimo. Retrieved 16 November 2020 (https://www.doctissimo.fr/html/sante/mag_2001/mag0119/dossier/sa_3422_asthme_chiffres.htm).
(3) Mayer, Nathalie. n.d. ‘La pollution de l’air est le fléau qui réduit le plus l’espérance de vie dans le monde’. Futura. Retrieved 19 November 2020 (https://www.futura-sciences.com/sante/actualites/vie-pollution-air-fleau-reduit-plus-esperance-vie-monde-63256/).
(4) Lelieveld, Jos, Andrea Pozzer, Ulrich Pöschl, Mohammed Fnais, Andy Haines, and Thomas Münzel. 2020. ‘Loss of Life Expectancy from Air Pollution Compared to Other Risk Factors: A Worldwide Perspective’. Cardiovascular Research 116(11):1910–17. doi: 10.1093/cvr/cvaa025.
(5) ‘Santé - La Pollution de l’air Coûte 645 € Par an et Par Habitant à Orléans’. Www.Larep.Fr. Retrieved 23 November 2020 (https://www.larep.fr/orleans-45000/actualites/la-pollution-de-l-air-coute-645-par-an-et-par-habitant-a-orleans_13861643/).
(6)‘Comprendre les allergies’. Retrieved 20 November 2020 (https://www.ameli.fr/assure/sante/themes/allergies/comprendre-allergies).
(7)‘Une personne sur deux sera allergique en 2050’. Retrieved 20 November 2020 (https://sante.lefigaro.fr/actualite/2015/05/08/23700-personne-sur-deux-sera-allergique-2050).
(8)‘5 bonnes raisons d’aérer son intérieur’. https://www.passeportsante.net/. Retrieved 20 November 2020 (https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/DossierComplexe.aspx?doc=5-raisons-aerer-maison).
(9) Oui, il faut aérer nos intérieurs pour combattre la Covid-19’. Actualités Santé. Retrieved 20 November 2020 (https://www.observatoire-sante.fr/pollution-interieure-bien-aerer-meme-en-hiver/).